histoire des quartiers de bonneveine
et de la vieille chapelle

Cette histoire de notre quartier est parue dans plusieurs  journaux du CIQ en 2010, historique qui a même donné lieu  à une émission de TV  locale de Marseille. Cet historique est en partie la synthèse d’articles antérieurs dont le CIQ salue les auteurs cités en fin de cette étude, souvent disparus. Au moment d’évolution de sa gouvernance, il a semblé souhaitable au CIQ de rediffuser ces articles en les actualisant.
Les observations, les compléments éventuels, des lecteurs seront les bienvenus

introduction

Les quartiers de Bonneveine et de la Vieille Chapelle font partie des 111 quartiers de Marseille, classifiés en 1946, quartiers qui font souvent écrire que Marseille est un ensemble de « villages » !

L’objectif de cet historique est de donner quelques indications, quelques repères aux habitants, aux « nouveaux » de ces quartiers, aux intéressés éloignés, permettant à ceux-ci de se situer, de s’approprier plus naturellement la vie agréable de ces quartiers.

Le CIQ Bonneveine-Vieille Chapelle, créé en 1944, a la plus importante surface des CIQ de Marseille et cette situation particulière, entraine d’importantes responsabilités,

– Bonneveine : 126,30 Ha dont 61,30 urbanisés et 5148 habitants (2012)

– Vieille-Chapelle : 112,90 Ha dont 110,70 urbanisés et 8181 habitants (2012)

historique du quartier de bonneveine

– L’histoire du nom

C’est la première interrogation de celui qui aborde ce quartier. S’agit-il d’y rechercher quelque chance selon le langage moderne ?

Tout d’abord, le quartier portait un autre nom à l’origine d’après des actes du Moyen-Age : en 945, il se nommait « Romagnac » et les terres étaient rattachées à l’abbaye Saint Victor (« Romagnana prope fluvium vuelne » dans un acte). En 1040, il se nomme « Arcola » ou « Arcollens » pour devenir « Arcoulens » en 1212, nom qu’il gardera en 1562 lors de la construction du moulin Barral (situé à la hauteur du lac du parc Borely).

Au XVIIIème siècle (ou en fin XVIIème), apparaissent les noms de « Recollens », du nom d’une propriété près de l’Eglise et surtout « Bone vene Arcollens ».

– D’où vient ce nom de « Bonneveine » ?

Les historiens n’ont pas donné une explication définitive et assurée de ce nom. Quatre hypothèses principales émergent :

– certains ont traduit « Bone Avena » d’une bulle papale de 1368 par « bonne avoine »

– d’autres affirment qu’il s’agit d’une déformation de « Bona-Veuno » (Bonne Huveaune), l’Huveaune s’appelant pendant des siècles « Veuno », le fleuve côtier que nous connaissons et qui était vénéré par les habitants de l’époque pour la fertilité qu’il engendrait.

– pour d’autres encore, le nom vient de l’expression provençale « Bono veuno », belle source et effectivement il existait une source qui longeait le boulevard Leau d’aujourd’hui, qui alimentait un lavoir public et qui se jetait à la mer par le Parc Borély actuel.

– pour le célèbre historiographe marseillais Alfred Saurel, du XIXème siècle, l’origine est dans « Buou de Veine », béal de l’Huveaune.

Remarquons que l’eau semble être le dénominateur commun à toutes ces hypothèses !

Le développement du quartier :

Le quartier s’est essentiellement développé au XVIIIème siècle avec un caractère rural grâce à l’abondance de l’eau. Auparavant, pour résumer, le quartier était constitué de terres arables. Sa population augmente surtout entre 1713 et 1825 pour atteindre… 380 en 1818 et 935 habitants vers 1880.

Cette augmentation de population est-elle à relier à l’épidémie de peste de 1720 à Marseille, le quartier étant éloigné de la ville ?

A partir du XVIIIème, les terres se découpent en propriétés sur lesquelles sont construites des bastides pour de riches marseillais, comme dans d’autres quartiers des environs de Marseille, durant ce siècle et le suivant. Citons-en quelques-unes de Bonneveine ou limitrophes car il semble que longtemps le quartier s’étendait jusqu’au pont actuel sur l’Huveaune à Saint Giniez, Belombre qui fut habitée par Monseigneur de Belsunce et par Madame de Simiane, petite fille de Madame de Sévigné qui appelait Belombre « sa guinguette » et Stendhal y séjourna en 1837, Valbrune, Beauvoisin, Valbelle, La Sérane, Teysseire, la Roseraie, Inesval, propriété Saias (actuelle clinique de Bonneveine inaugurée en 1927 par le Président de la République Gaston Doumergue, dont on a célébré le 80ème anniversaire en  2007), la Félicité, Maurel, Pastré, Prat, …, bastides qui ont donné aujourd’hui leurs noms à des rues ou à des secteurs de quartier (La Sérane) ou à des copropriétés (La Roseraie)

– L’histoire particulière de l’Eglise « Notre Dame des Neiges »

Avant et sans doute après la Révolution Française, le développement d’une agglomération s’effectuait autour de la paroisse. L’histoire de la paroisse est relatée dans une brochure de 1877 intitulée « Notice historique sur l’Eglise et le village de Bonneveine » dont un exemplaire est disponible à la bibliothèque de l’Alcazar et dans une monographie de 1983 de Charles Nicolas intitulée « 150 ans de vie au quartier de Bonneveine ».

Le projet de construction de l’Eglise de Bonneveine « Notre Dame des Neiges » autour de 1720 favorisé par l’évêque de Marseille, Monseigneur de Belsunce, lié au quartier, est la conséquence de l’évolution démographique mentionnée : il existait auparavant la petite chapelle de « Notre Dame du Mont Serrat » du quartier « Bone Vene » dépendant de l’abbaye de Saint Victor dont l’état de délabrement est décrit dans un procès-verbal de 1677. (Petite car ses dimensions étaient de 5m sur 5 environ).

L’Eglise dont le premier projet date de 1720 (repoussé à 1724 pour cause d’épidémie) entre en fonction, semble-t-il, seulement en 1769 pour de premiers mariages. Pendant la Révolution, l’église est pillée, saccagée et vendue au domaine national le 22 Brumaire AnV (1796). En 1803, des propriétaires locaux rachètent l’église et la maison claustrale. Durant la première moitié du XIXème siècle, le « territoire » cultuel de la paroisse comprenait un vaste espace, Montredon, Sainte Anne;… jusqu’à la construction d’églises dans ces quartiers respectivement en 1854 et 1859. Finalement, cette construction s’est étalée dans le temps avec des ajouts successifs (agrandissement en 1830) pour être seulement consacrée le 4 août 1833 par l’évêque Charles de Mazenod.

Il reste des interrogations : où se trouvait la première petite chapelle ? Pourquoi cette dénomination à Bonneveine, est-elle à relier avec le boulevard des Neiges ?
Les activités paroissiales, en dehors de celles liées au culte, marquèrent profondément la vie du quartier à partir de la seconde moitié du XIXème siècle : les sœurs de Notre Dame de la Délivrande géraient, traverse Pomègues, une maison de repos, deux écoles privées (filles et garçons) aux numéros 12 et 14 de cette traverse (fermeture en 1952), la paroisse organisait chaque année des fêtes comme la Visite Pastorale avec l’évêque, des processions à la Fête Dieu ou dans le mois de Marie, un patronage , etc.

Aujourd’hui, la paroisse participe activement à la vie de Bonneveine par son prêtre, ses offices réguliers ou liés à des sacrements catholiques, un secrétariat d’accueil quasi-permanent, la catéchèse, l’aumônerie de collège-lycée, les scouts de France, l’aide aux pauvres, la salle de réunion à disposition des associations, etc

Le Château Borély, son parc, l’hippodrome

Le château

Des bastides, le château Borély est resté un joyau architectural de Marseille. Ce château fut construit sur le domaine rural de Bonneveine sur l’initiative d’un riche négociant, Louis Borély (1692-1768), de retour d’Alexandrie, à partir d’une bastide transformée en château par les architectes J-L Clérisseau et Esprit Brun. La famille Borély était d’origine dauphinoise mais implantée en Provence depuis cinq siècles Le château fut achevé en 1778 sous la direction du fils de Louis-Joseph-Denis Borély.

La décoration intérieure est l’œuvre du peintre Louis Chaix (1744-1811) qui conçu une fastueuse décoration de trompe-œil et camaïeux, de vastes compositions mythologiques sur les plafonds et les murs, etc.

Le château fut l’admiration d’illustres visiteurs, Charles VI d’Espagne, la Duchesse de Berry, Alfred de Vigny, Eugène Scribe, qui signèrent le Livre d’Or.

En 1775, l’ingénieur et architecte Embry dresse un jardin classique du type « Le Notre » dont il ne reste aujourd’hui que les parterres et les bassins situés devant la terrasse du château.

En 1856, Paulin Talabot (1799-1885), grand entrepreneur de chemins de fer (PLM), acquéreur de l’ancienne propriété des Borély, en fait don à la ville en échange d’un autre terrain (Jardin des Plantes) destiné au passage du chemin de fer naissant. Le château devint ensuite un musée d’archéologie de 1863 à 1989. ( les collections égyptiennes ont été rassemblées à la Vieille Charité), collections du Dr Antoine Barthélémy Clot (1793-1868) médecin chirurgien du Khadive d’Egypte élevé à la dignité de Bey suite à sa conduite courageuse durant une épidémie de choléra (d’où le nom de l’avenue), puis un musée d’Arts décoratifs avec des expositions temporaires. Depuis 2013, le château réunit les musées de la faïence, des arts décoratifs et de la mode.

Le parc, l’hippodrome

Avec l’acquisition du parc en 1856 par la Ville, la Société des Courses en liaison avec la Ville ouvre le 4 novembre 1860, un deuxième champ de courses marseillais (les premières courses à Marseille eurent lieu en juin 1860 dans le parc de la bastide Barnière). Jusqu’en 1975, date de leur déménagement, le quartier comportait des écuries et les anciens se souviennent encore, dans les rues, des chevaux montés que l’on conduisait à l’hippodrome.

Toujours en 1860, la Ville confia à Alphand la création d’un parc public qui fut ensuite exécuté par Barillet-Deschamp sur 15 Ha autour d’un lac d’un hectare et de cascades. Le chalet date de 1863 dont la destination actuelle semble toujours en étude, le premier jardin botanique du docteur Heckel de 1880 avec des serres chaudes, jardin qui joua un rôle important dans l’introduction de nouvelles espèces.

En 1913, la Ville installe le nouveau jardin du parc Borély sur 14000m2. La roseraie sur 5000m2 apparaît en 1923. Une serre en fer forgé (style Baltard), provenant du Gard est installée en 1982, serre d’exposition depuis 1984.

Les thèmes du parc, divisé en deux parties, l’une à la Française, l’autre en paysage, concernent l’eau sous toutes ses formes (« courante avec l’Huveaune, bouillonnante avec la cascade, dormante avec le lac, réfléchissante avec le miroir des bassins »), les statues (statue en marbre de Pierre Puget, sculpture de l’Homme aux Oiseaux de J.M Folon,…) et surtout les nombreuses espèces de végétaux signalés par des indications.

Le parc a donné lieu dans le temps à de nombreuses manifestations. Citons :

– en 1910 (du 16 au 31 juillet) et en 1911 (du 14 au 22 octobre), deux meetings aériens dans l’aviation naissante, avec le premier survol de Marseille, meetings qui attirèrent 100.000 spectateurs et les meilleurs pilotes de l’époque (Roland Garros, Védrines, Audemars sur Blériot XI, …). Ces manifestations annuelles durèrent jusqu’en 1914. L’hippodrome servit aussi d’aérodrome pendant les deux guerres mondiales. Cette idée d’aérodrome subsistera longtemps dans les actes notariaux notamment avec une limitation de hauteur des bâtiments voisins.

– de 1948 à 1955, le Grand Prix de Marseille où s’affrontèrent les plus grands coureurs automobiles de l’époque, Fangio, champion du monde, Maurice Trintignant (de la famille de l’acteur de même nom), Ascari, Manzon, etc. sur leur Simca-Gordini, Mazerati, Ferrari, HVM, etc.

– des courses cyclistes comme le Grand Prix des Gentlemen de 1940 à 1990 (50 Grand Prix exactement !) de Gaston Ruggeri qui regroupa dans le temps 12 champions du monde (Coppi, Bobet, Jeannie Longo, etc.), 18 vainqueurs du Tour de France, 20 champions de France  ainsi que de nombreuses courses pédestres.

Une « dépendance » du parc, l’Eglise orthodoxe Saint Hermogène

En limite du parc, signalons cette chapelle orthodoxe, qui intrigue le passant, avec son histoire particulière, la paroisse St Hermogène dont l’entrée est avenue Clot-Bey. Située au n° 100 de cette avenue, dans un ancien pavillon de l’octroi, cette chapelle St Hermogène, du nom du dernier saint russe canonisé avant la révolution de 1917, fondée dans les années 1925-30 par des émigrés politiques russes, réquisitionnée par les Allemands lors de la dernière guerre, est rattachée au Patriarcat de Constantinople. En 2010, la paroisse était desservie par deux prêtres qui célèbrent l’office dominical en Français et en Russe.

Le Château de Bonneveine

Ce château de Bonneveine, toujours existant, que l’on perçoit en hauteur de l’avenue de Hambourg ou du boulevard Leau, a été construit en 1830 sur l’initiative d’un négociant-droguiste, Jean-Baptiste Leau, d’où le nom du boulevard correspondant, qui fit faillite en 1846. Ce château fut ensuite la propriété de divers négociants marseillais dont la famille Margnat (connue par les vins) de 1928 à 1954, date de sa transformation en clinique (Clinique « Mon Repos ») par les docteurs Antoine Rance et Joseph Roger.

– Le quartier à la fin du XIXème siècle et en première partie du XXème

A cette époque, le quartier était constitué de vastes campagnes, de vastes domaines séparés par des cultures maraîchères, légumes verts, primeurs, fruits et aussi foin en abondance, cultures qui prirent de l’extension vers 1914 par la vente de certains domaines comme les campagnes Gros, Le Mée, Petrocchino, Alatini, Vacarino. Certains aussi comme Rougemont (Lapin Blanc), Blanc et Roux de Charleval (Traverse Parangon), morcelés, sont remplacés par des villas, début d’une plus grande urbanisation.

Avec ces cultures et les prés, au début du XXème siècle, s’établissent des laiteries, comme celle de Vial, Blanc, Demarchi et Giordano, auxquelles se joignent quelques autres comme celles de Ré, Desmero, Espagnolo, Pesse et Faure. Les deux dernières, Ré et Blanc, Blanc, pour l’avoir connue dans le centre du « Village », boulevard du Sablier, en face de l’école, fermèrent récemment, autour des années 85.

Le secteur du Lapin Blanc, qui revendique son appellation de « quartier », doit son nom à celui d’une auberge sur laquelle était représenté un lapin blanc, auberge située boulevard des Joncs. D’ailleurs ce nom de « Lapin Blanc » est confirmé par la construction, en 1931, de l’école du même nom au cœur du « village », chemin du Sablier, mais aussi par les appellations d’un bar et d’une avenue. Ce secteur du Lapin Blanc présente la particularité d’avoir attiré des ouvriers agricoles italiens qui travaillaient essentiellement dans les cultures maraîchères du quartier et qui s’enracinèrent dans ce coin.

Le secteur des Gâtons (en provençal, « leï Gatoun ») tire son nom des petits chats. En effet, les marseillais voulaient se débarrasser des « portées indésirables » en les jetant dans un ruisseau et des rigoles qui longeaient le dépôt de tramways à chevaux construit en 1873 pour 500 chevaux,(emplacement actuel des immeubles « Les Iles Bleues ») au niveau de la butte du Collet tournée vers la mer, lieu d’un vieux cimetière déclassé au profit de celui de Mazargues en 1860. Les petits qui survivaient formaient une véritable colonie de chats dans ce secteur d’où son nom ! A noter que ce dépôt de tramways fut remplacé par le camping des Vagues, lui-même remplacé par de nouvelles constructions d’habitations face à l’Escale Borely fin 2001.

Proche, le secteur du Collet a sa propre histoire. En réalité, au Moyen-Age, la butte dominant les plages s’appelait « Podium Rotondum » puis « Mons Rotondus » marquant sa position d’élévation (altitude 56m) et d’arrondi, pour devenir « le Collet Redon » et plus récemment « Le Collet ». Au XIXème siècle, cette butte était surmontée d’une tourelle abritant « l’élevage de cailles » d’un certain Amphoux laquelle fut remplacée plus tard par un gracieux castel, le château du Collet, aux toits pointus et ardoisés, château qui fut partiellement démoli à la libération de Marseille, plus ou moins habité ensuite pour être définitivement démoli en 1971 au profit d’habitations.

Le secteur de La Sérane doit tout simplement son appellation à celle du domaine ancien portant le même nom.

Château du Collet

– L’évolution du quartier « Bonneveine » fin du XXème siècle, début du XXIème

De façon générale, les cultures maraîchères disparurent petit à petit pour laisser place à des habitations sous forme de copropriétés, à des équipements collectifs, des voiries nouvelles (comme l’Avenue de Hambourg), des espaces de loisirs destinés à tous les Marseillais, etc.

Le dernier maraîcher, Avenue Zenatti, disparaissait en 2008 au profit d’un ensemble d’habitations. (Le Grand Large)

Notons les principales évolutions récentes, en dehors des constructions privées :

– entre 1960 et 1970, ouverture d’établissements scolaires en liaison avec l’évolution du quartier, les écoles primaires de Bonneveine, 52 Boulevard du Sablier, en remplacement de l’école située à l’entrée du parc Borely (actuel Club House du Golf), et de Zénatti, du lycée professionnel Leau, du lycée-collège Daumier (1700 élèves) qui dépendait à l’origine du lycée Périer sur l’ancienne propriété Teysseire, avenue Clot-Bey et du lycée Hôtelier de Bonneveine (28000m2, 1200 élèves) en limite du quartier,

– en 1966, mise en exploitation de l’auberge de jeunesse « Marseille-Bonneveine » d’une capacité de 150 lits, impasse du Dr Bonfils,

– en 1976, création du Centre de Vie de Bonneveine, comprenant des services publics, une mairie annexe, une bibliothèque, un bureau de poste, un bureau de Sécurité Sociale aujourd’hui disparu comme l’antenne SNCF, une grande surface et 60 commerçants, un complexe de cinémas, au milieu d’un parc de 3 hectares, auxquels s’ajoutent à proximité des entreprises de l’économie tertiaire et des administrations (par exemple, la Chambre Régionale de Comptes),

– en 1975, construction, avenue de Hambourg, de la piscine « tournesol » de l’architecte Bernard Schoeller, type de piscine inscrite au patrimoine du XXème siècle,

– en 1994, ouverture du Musée d’Art Contemporain, avenue de Haïfa dans un bâtiment des années 1970 offert à la Ville par le Dr Rau, avec 2500m2 d’exposition, musée qui abrite également le Centre de Documentation Ernst Goldschmidt (25.000 ouvrages d’art). A ce musée, est associée, sur un terre-plein voisin, la sculpture en bronze « le Pouce de César » , haute de 6m, du sculpteur marseillais du même nom (réalisée en 1988 pour une exposition coréenne),

– en fin des années 1970, édification du nouveau littoral de mer avec ses plages, où 36 hectares furent gagnés sur la mer en profitant de la terre issue du creusement du métro de Marseille et de la station d’épuration, espace capable d’accueillir 35.000 baigneurs. On réalise ensuite l’Escale Borély, équipement commercial à la mesure du succès des nouvelles plages. Les « 7 Portes de Jérusalem », monument moderne, de l’artiste David Soussana, inaugurée en 1989 sur un promontoire des plages, habille avec majesté l’arrière-plan des plages. A proximité, notons en 1991, l’ouverture du « bowl skate-park » connu internationalement qui attire tous les passionnés marseillais de ce sport,

– en 1999, un nouvel hippodrome, corde à gauche, avec des tribunes modernes, avec plus tard un golf à 9 trous dans l’anneau central,

– en 2006, édification de la Maison des Sports, place Bonnefon, avec remodelage des terrains de sports autour,

– pour 2013, année de Marseille capitale européenne de la culture, le château Borély réunira les musées de la faïence, des arts déco et de la mode,

– en 2013, le Musée d’Art Contemporain (Mac) devait quitter son emplacement actuel pour la Belle-de-Mai, mais cette décision n’est pas encore réalisée et semble soit annulée soit repoussée.

Gérard Pelletier

Remerciements à Mme Tambon Rostan et Mr Roger-Charles Gardanne pour leurs articles passés, à Mr Charles Nicolas, auteur de la brochure « 150 ans de vie au quartier de Bonneveine », au docteur Pierre Rance, aux prêtres Louis Spazokilis et Jean Gueit, aux journaux « Le Provençal » et « La Provence » pour leurs articles, à la Commission Culturelle du Centre Socio-Culturel du Roy d’Espagne pour sa brochure « Mémoire des Quartiers » et à l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille.

histoire du quartier de la vieille chapelle

Cet article n’a pas la prétention d’être exhaustif, ou définitif
Réaction et complément seront bienvenus

Le présent article sur l’histoire du quartier « Vieille Chapelle » accompagne les articles historiques concernant le quartier de Bonneveine , l’ensemble étant paru en 2010.
Rendons d’abord hommage à Mr Roger-Charles GARDANNE, qui écrivit dans les années 90 dans ce même bulletin du CIQ des articles sur ce sujet, articles intitulés « Coup d’œil dans le rétroviseur ».
Le quartier de la Vieille Chapelle fait partie des 111 quartiers de Marseille classifiés en 1946, quartiers qui font souvent écrire que Marseille est un ensemble de villages.

Le « périmètre » du CIQ Bonneveine-Vieille Chapelle couvre les deux quartiers de son intitulé.

L’espace du quartier « Vieille Chapelle » est de 112,90Ha dont 110,70 urbanisés, espace occupé par 8181 habitants selon le recensement général de la population par quartier de 2012.
Les limites du quartier sont, sur le front de mer, le boulevard des Neiges d’un côté, la traverse Tiboulen de l’autre, et à l’intérieur des terres le rond-point de l’avenue de Hambourg, à hauteur de la traverse des Lanciers.

L’histoire du nom

Si le nom de Bonneveine a donné lieu à diverses interprétations, il n’en pas de même pour celui de la Vieille Chapelle.

On s’attend à découvrir une chapelle ancienne lors de l’évocation du nom du quartier, chapelle aujourd’hui disparue mais dont la mémoire subsiste par le nom. Ecoutons la réponse des Archives historiques de l’archeveché de Marseille, interrogées lors de la rédaction de cet article : « L’église la plus ancienne de la paroisse était située au quartier de la Vieille Chapelle. Là se trouvait autrefois une petite église dédiée à la Nativité de la Très-Sainte-Vierge, église qui était succursale de la paroisse de Saint-Ferréol. Cette chapelle ne fut probablement pas très ancienne puisqu’antérieurement à 1699, les mariages et les baptêmes se faisaient à Saint-Ferréol et les enterrements à Saint-Giniez.

Pendant la Révolution, la chapelle fut saisie comme bien national. Mise aux enchères publiques, avec le logement du vicaire et le cimetière, le 1er floréal An II, elle fut acquise le 17 floréal de la même année par Jean Antoine RAMBAUD, menuisier. Les murs déjà en ruines, furent démolis en 1863 pour dégager la vue d’une villa qui venait d’être construite à proximité »

La carte de Cassini de 1750 ci-dessus des quartiers sud situe cette chapelle et la nomme « Notre Dame de Montredon ».

A noter que certains matériaux, dont les portes, de cette chapelle serviront à la construction de la salle Saint-Jean-Baptiste en 1866, édifiée par la Société de Secours Mutuel, boulevard des Neiges, belle salle elle-même malheureusement démolie récemment. Le CIQ détient une serrure à titre de souvenir symbolique  !

Le cimetière dont il s’agit était situé Avenue Mendès-France à l’endroit des immeubles récents « Les Iles Bleues », cimetière déclassé en 1860 et déplacé à Mazargues.
Cette chapelle de 1699 est la plus ancienne des églises des quartiers voisins : Bonneveine date de 1769 (mise en fonction), Mazargues de 1845 , Sainte-Anne de 1859, Montredon de 1854.
Des peintres ont réalisé des tableaux du quartier, le peintre officiel de la marine François ROUX (1811-1882), et PUCK dont le tableau daté de 1850 montre déjà une chapelle en ruines.

Cette chapelle était située sur la « pointe des Calanquais », à l’endroit actuel du parking.
Par ailleurs, l’intérieur du quartier était surtout constitué de vastes domaines comme la propriété Gras (dit Grasset) à la traverse Parangon.

L’évolution du quartier

Sur le bord de mer, la pointe des Calanquais connut à la fin du XIXème siècle et au début du siècle suivant, une période prospère. « Flanqué d’un minuscule port de galets, domaine des bâteaux de pêcheurs de métier et de plaisanciers, il était occupé, recouvert, surchargé d’une cinquantaine de cabanons plus que rustiques, desservis par deux ruelles, agrandi par des bâtiments montés sur pilotis au bord de mer dont le célèbre restaurant du sieur Vinaigre réputé dans tout Marseille et au-delà, pour sa bouillabaisse et… le caractère de son propriétaire, un personnage truculent qui n’acceptait que les clients dont la tête lui revenait ! » (Roger Gardanne).

Donc, il existait à cette époque une certaine joie de vivre sur le bord de mer dans ces « guinguettes » et les fêtes de toutes sortes y étaient coutumières chez Vinaigre, chez « Bébé » autre restaurant. Le compositeur Vincent Scotto (1874-1952), qui possédait un cabanon à la Pointe Rouge, venait en voisin y gratter sa guitare.

L’anse de la Vieille Chapelle, petite et peu protégée, abritait plaisanciers et pêcheurs professionnels dont « Lou Tambourinaire » qui laissera un souvenir vivace. Des descendants de ces pêcheurs résident toujours dans le secteur. La pêche s’opérait à l’aide de thys et de battudes, formés de filets, de nasses et de palangres. En saison, les pêcheurs pratiquaient la « cencho » aux loups alors très abondants, pratique de pêche qui consiste à cerner le banc de poissons avec des filets. Notons que les oursins de la Vieille-Chapelle étaient aussi très réputés  !

Le produit de cette pêche alimentait les restaurants et la population riveraine, avec ses célèbres poissonnières Nini et Claire, mais aussi la Criée par des omnibus à chevaux et ensuite des tramways ainsi que le marché aux poissons de Mazargues.

Les bâtiments de cette pointe des Calanquais ont été détruits en 1942-1943 par les Allemands.
L’anse fut comblée à l’occasion de la construction des nouvelles plages que nous connaissons maintenant en fin des années 70 et la physionomie du quartier de bord de mer évolua avec la rénovation notamment de la voirie de 2006.

De cette époque reste la dynamique Société des Calanquais de la Vieille Chapelle, installée au port de la Pointe Rouge, qui fêta ses 100 ans le 6 novembre 2009 à la Salle des Sports de Bonneveine avec la participation du maire de Marseille.

Le développement du quartier comporte aussi un volet plus industriel au début du XXème siècle. Signalons parmi les 108 fabricants recensés en 1924 à Marseille, « Les Savonneries de la Vieille Chapelle » André Allatini et son savon « Le Rationnel » vendu dans toute la France. Cet industriel était aussi un mécène des meetings aériens naissants, en 1909 par exemple il participe à l’organisation d’un meeting dans le Forez. Cet engouement pour l’aviation naissante explique le motif de l’affiche ci-dessous de la savonnerie.
Signalons aussi la présence à cette époque d’une industrie textile, « La Compagnie du Fil de Lin » dont il reste des bâtiments près de la mer. Cette compagnie date de 1918  et arrête ses activités en 1970. Notons parmi ses dirigeants successifs, Jean Roumilhac, grand résistant, qui disparut dans un accident d’automobile en 1949 à Aix. Et  la présence  d’Elisabeth Corrieri , membre éminent du Conseil d’Administration du CIQ, disparue récemment, qui y travailla de 1943 à 1970.

Le développement du quartier comporte aussi un volet plus industriel au début du XXème siècle. Signalons parmi les 108 fabricants recensés en 1924 à Marseille, « Les Savonneries de la Vieille Chapelle » André Allatini et son savon « Le Rationnel » vendu dans toute la France. Cet industriel était aussi un mécène des meetings aériens naissants, en 1909 par exemple il participe à l’organisation d’un meeting dans le Forez. Cet engouement pour l’aviation naissante explique le motif de l’affiche ci-dessous de la savonnerie.
Signalons aussi la présence à cette époque d’une industrie textile, « La Compagnie du Fil de Lin » dont il reste des bâtiments près de la mer. Cette compagnie date de 1918  et arrête ses activités en 1970. Notons parmi ses dirigeants successifs, Jean Roumilhac, grand résistant, qui disparut dans un accident d’automobile en 1949 à Aix. Et  la présence  d’Elisabeth Corrieri , membre éminent du Conseil d’Administration du CIQ, disparue récemment, qui y travailla de 1943 à 1970.

Un événement curieux à relever : le 18 août 1908, Mr Molinari, devant le refus des autorités d’une manifestation publique, organisa une manisfestation privée dans sa propriété, villa Valflor (bastide du XIXème bâtie par Mme Molinari) qui consistait en un combat de deux tigres de Sumatra avec deux taureaux de manade ! Ce jour-là les cornes dissuadèrent les tigres et le combat n’eut pas lieu. Le lendemain, il recommença, mais la police intervient et embarque l’organisateur ! Nous lui devons le nom du boulevard que les habitants du quartier connaissent bien.

Le quartier d’aujourd’hui et de demain

L’aménagement des plages du littoral en fin des années 70, les constructions nouvelles notamment dans l’intérieur, la réfection du carrefour Goumier- Avenues Mendès-France – Joseph Vidal en 2006, la construction de la première partie du Boulevard Urbain Sud inaugurée en 2001 (Boulevard Mireille Jourdan-Barry), etc, ont profondément changé la physionomie du quartier et concourrent à en faire un quartier attractif où se mélangent habitants et marseillais en villégiature.

Notons cette jolie statue de « sirène » (« La Femme à la Tortue » plus exactement) en bronze près de la plage : elle est l’œuvre du sculpteur Marcel COURBIER (1898-1976), spécialiste réputé des sculptures de rues et qui conçut notamment la statue du Mémorial Jean Moulin à Salon-de-Provence. Cette statue était à bord du navire  des Messageries Maritimes Pierre Loti.

Notons aussi le nom du nouveau boulevard, « Mireille Jourdan-Barry » : cette dame (1900-1987), descendante d’une lignée de courtiers maritimes, était l’ épouse de Raymond Jourdan, (1891-1968) courtier maritime aussi, mais qui fut un collectionneur passionné d’argenteries et de faïences, qui firent l’objet de dons de son épouse et de son fils Pierre, part notables des collections du musée de la Faïence au château Pastré de l’époque, aujourd’hui au château Borely.

Sur le littoral, l’équilibre entre la circulation et le stationnement des véhicules, et la vie des habitants et des commerces est difficile à trouver. Souhaitons que des solutions soient élaborées pour faciliter la vie du quartier, ce qui semble nécessaire avec la création du Parc National des Calanques voisin.

Mais il fait bon vivre dans le quartier de la Vieille Chapelle…

Gérard Pelletier

Bibliographie et remerciements :
– Bulletins et site internet du CIQ Bonneveine-Vieille Chapelle
– Site internet Titidegun du Roy d’Espagne
– Collection Doumenc